Entretien avec le Dr Hawawini : « Les réseaux sociaux ont plusieurs avantages à offrir aux cabinets et aux cliniques vétérinaires »

Après avoir voyagé et découvert de nombreuses merveilles de la faune sauvage, le Dr Sylvain Hawawini a posé ses valises dans la capitale française afin d’exercer son métier chez VetinParis. Connu sur Instagram sous le pseudonyme @dr_shawa_vet, il publie régulièrement des photos de chats, de chiens et autres petites bêtes pour le plus grand plaisir de ses 100 000 abonnés. Pour en apprendre davantage sur l’utilisation des réseaux sociaux par les cabinets et les cliniques vétérinaires, l’équipe d’YLG l’a interviewé.

Dr Hawawini, vous êtes particulièrement actif sur Instagram ! Quels types de contenu partagez-vous ? 

Mes publications sur Instagram ont bien évolué. Après avoir passé plusieurs années en Afrique, je me suis installé dans un cabinet vétérinaire à Paris. J’ai donc commencé à publier des photos d’animaux sauvages que je rencontrais lors de mes escapades. Aujourd’hui, je partage principalement mon travail au quotidien et des portraits d’animaux de compagnie mignons, amusants et en forme. J’ai choisi de ne pas montrer de patients malades ou en souffrance par respect pour eux et, bien évidemment, pour leurs propriétaires.

Je poste aussi du contenu plus personnel, notamment en lien avec mes voyages. J’ai la chance de pouvoir partir régulièrement à la rencontre du monde sauvage, que ce soit lors de mes séjours dans différents pays africains ou mes séances de plongée. Mon plus grand rêve ? Devenir présentateur animalier pour des séries, comme Planet Earth, à l’image du naturaliste David Attenborough que j’admire !

Par la suite, j’envisage de développer des vidéos informatives et des lives sur Instagram, car ce sont de super outils de communication. 

Énormément de chats, de chiens, de NAC et même d’animaux sauvages que vous soignez affichent leur adorable bouille sur votre compte Instagram. Avez-vous une anecdote au poil à nous raconter ?

Grâce à mes différents voyages, j’ai eu la chance de pouvoir partager des photos d’animaux à plumes, à poils et à écailles, comme le pangolin. J’estime que c’est important de montrer ce mammifère extrêmement difficile à approcher et, malheureusement, en danger d’extinction. 

La vie est tellement magique ! L’évolution est à l’origine d’une incroyable variété de formes et de comportements, qui me fascine. Pouvoir l’observer et la partager est une vraie chance. Même dans la capitale, j’ai pu découvrir cette diversité au sein des animaux domestiques (les races, par exemple) et des relations avec les propriétaires.

Je pense notamment à une dame qui est venue me voir il y a 2 ans avec son nouveau chiot Cavalier King Charles. Dès la première visite, elle a souhaité me photographier avec sa petite chienne de 3 mois… alors que nous ne nous connaissions pas ! Depuis, ce rituel s’est installé à chacun de ses rendez-vous, et elle m’envoie les photos à chaque fois. 

Beaucoup d’autres propriétaires me demandent également de partager une photo de leur animal de compagnie. C’est toujours très touchant.

Pourquoi vous êtes-vous lancé à la conquête de ce réseau social en tant que vétérinaire, et que vous a-t-il apporté pour votre activité ?

J’ai commencé à poster régulièrement sur Instagram après un séjour au Zimbabwe, dans le cadre d’une formation de capture de la faune sauvage. Une vétérinaire australienne, active sur les réseaux sociaux, m’a identifié sur son contenu et j’ai constaté que mes posts rencontraient un réel intérêt.

De plus, j’ai eu la possibilité de rejoindre un groupe de vétérinaires venant du monde entier sur Instagram. Nous discutons de thématiques communes à partager sur nos comptes respectifs, en particulier la protection animale. 

En ce qui concerne mon activité, l’utilisation d’Instagram permet avant tout de renforcer un sentiment de proximité et de disponibilité chez les propriétaires d’animaux. Évidemment, aucun diagnostic n’est possible via ce canal, mais je pense que cela peut rendre la consultation en cabinet ou en clinique moins stressante pour les propriétaires. 

Quels avantages les réseaux sociaux peuvent-ils offrir aux cabinets ou aux cliniques vétérinaires ?

Selon moi, les réseaux sociaux ont plusieurs avantages à offrir aux cabinets et aux cliniques vétérinaires : 

  • Partager le quotidien de l’équipe. Tout propriétaire se rend régulièrement chez son vétérinaire, mais comme toute profession étrangère à la sienne, la nôtre peut paraître opaque. Que se passe-t-il derrière, dans la salle de chirurgie ou d’hospitalisation ? Ces visites sont souvent stressantes pour les propriétaires dont les animaux sont malades, voire blessés. Leur confiance est alors nécessaire pour nous. En partageant la vie quotidienne de la clinique et ses « coulisses », j’espère pouvoir les rassurer.

  • Informer le propriétaire sur les maladies et les bons gestes à adopter.

  • Parler du plateau technique et des services proposés au sein de l’établissement.

  • Partager de belles histoires et sensibiliser sur des problématiques difficiles, comme l’abandon.

Comment choisir son réseau social quand on est un cabinet ou une clinique vétérinaire ? 

En tant que vétérinaire, nous sommes toujours très occupés au sein du cabinet ou de la clinique. Nous avons peu de temps disponible en dehors des soins, des chirurgies et des consultations. Il est donc important d’utiliser un réseau social que l’on maîtrise et avec lequel on se sent à l’aise. Il ne faut pas que cette activité représente une charge. Et pour être efficace, il vaut mieux poster régulièrement !

Le choix du réseau social se fait aussi en fonction du message que l’on souhaite véhiculer (belles histoires, posts de vulgarisation…). Sur LinkedIn, par exemple, une clinique vétérinaire menant des recherches peut être amenée à publier des articles scientifiques ou des études auxquelles elle a participé. 

Selon vous, quelles sont les compétences requises pour gérer les réseaux sociaux d’un cabinet ou d’une clinique vétérinaire ?

Il faut savoir communiquer, avoir envie de le faire, dégager du temps et être un professionnel (vétérinaire, assistant, infirmier…). Utiliser les réseaux sociaux est une véritable compétence. Il est nécessaire de faire preuve de régularité et de sérieux dans les posts. Chez VetinParis – le cabinet dans lequel j’exerce mon métier –, une consœur et une assistante vétérinaire s’occupent des posts sur Instagram.

J’ai rencontré des vétérinaires qui déléguaient leurs réseaux sociaux à des structures externes ou des freelances, mais je pense que cela n’est pas une bonne option. Recruter un community manager à temps plein peut être une solution ; mais en règle générale, seuls les groupes de cliniques ou les grands centres vétérinaires en ont les moyens.

Comment trouver de l’inspiration pour créer un post efficace sur les réseaux sociaux ? 

En ce qui me concerne, l’inspiration vient naturellement de mon travail et de mes patients, dont certains s’avèrent mignons ou possèdent une personnalité attachante. Les propriétaires veulent voir notre quotidien, lire de belles histoires et reconnaître leur animal sur les réseaux.

Sur le compte Instagram de VetinParis, nous partageons essentiellement des photos touchantes de nos patients, mais aussi des gestes techniques que nous réalisons. En outre, nous parlons de notre équipe de vétérinaires et d’assistants.

Enfin, pour en revenir à mon projet de vidéos, je désire m’inspirer des questions que j’entends toujours en consultation, dans le but de donner des conseils aux propriétaires et de les aider à prendre soin de leurs fidèles compagnons. 

Quelles sont les règles principales à respecter lors de l’utilisation des réseaux sociaux par les vétérinaires ?

Notre profession est réglementée, nous ne pouvons pas communiquer de manière totalement libre. En tant que vétérinaires, nous sommes soumis à un code de déontologie. Tout d’abord, nous n’avons pas le droit de faire de la publicité pour notre cabinet ou clinique vétérinaire, même sur les réseaux sociaux. La communication doit rester informative, voire « plaisante », car nous exerçons une profession de santé et de service.

Ensuite, il est essentiel de demander l’autorisation au propriétaire avant de poster la photo de son animal, encore plus quand on indique son nom et son histoire. Ce qui est tout simplement normal ! 

Par ailleurs, nous devons faire attention à ne pas partager du contenu « buzz ». Les vidéos d’animaux, en particulier de chats, envahissent Internet. Malheureusement, ces publications peuvent souvent masquer beaucoup de souffrance. Je pense notamment aux animaux mis en scène avec des déguisements, des chats obèses que certains internautes trouvent « drôles », ou des races hypertypes comme les brachycéphales…

En résumé, la bonne communication vétérinaire est celle qui se veut sincère et de qualité (informative ou non). Les propriétaires nous font confiance pour nos compétences médicales et scientifiques. Ainsi, il convient de montrer du respect et du sérieux dans nos posts.

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